
Au cœur de Qobuz : le pionnier français du son haute fidélité
Fondée en 2007, et désormais disponible dans 26 pays, Qobuz se distingue dans le paysage du streaming par son engagement en faveur d’un son de qualité studio. Au-delà de l’excellence audio, Qobuz enrichit la découverte musicale grâce à un magazine directement intégré à la plateforme qui propose des articles valorisant tous les genres musicaux. Le respect des artistes est au cœur de ses choix, un principe qui s’accompagne d’une transparence totale sur leur rémunération.
Rencontre avec Marc Zisman, journaliste musical de formation, qui a d’abord piloté le magazine Qobuz au lancement de la plateforme avant de devenir Chief Music Officer. Aujourd’hui, il supervise l’ensemble des activités streaming, téléchargement, éditorial et supply chain. Il revient pour nous sur l’expansion internationale et l’évolution de Qobuz, pionnière française de l’écoute haute qualité.
Comment décririez-vous Qobuz à quelqu'un qui ne connaît pas la plateforme ?
Tout d’abord, chez Qobuz, pas de MP3 : on propose du Hi-Res 24 bits, c’est-à-dire la même qualité qu’en studio. On était pionniers là-dessus, et on reste les seuls à aller jusqu’à 192 kHz, là où, par exemple, Spotify s’arrête à 44.1.
Notre force, c’est le contenu éditorial. Nous avons une vraie équipe de journalistes, qui écrivent des chroniques, des interviews, des dossiers, et tout ça directement intégré dans l’application. Et pour la curation, on allie recommandations humaines et intelligence artificielle.
Un autre élément qui nous distingue de nos concurrents, c’est que nous proposons toujours du téléchargement : ça représente encore 20% de notre activité. Beaucoup de DJs ou d’auditeurs passionnés achètent leurs titres en haute qualité chez nous.
Enfin, d’un point de vue philosophique, nous respectons les artistes. Non seulement dans le fait de proposer le son dans la qualité d’origine, mais aussi parce nous avons été parmi les seuls à communiquer sur la rémunération : chez Qobuz, un artiste est payé environ 18 € pour 1000 streams.
À quoi ressemble votre public typique, et quels changements observez-vous ?
Notre public a beaucoup évolué au fil des années. À la création de Qobuz, on n’avait que du classique et du jazz, parce que le fondateur venait du classique. Rapidement, des labels électro sont arrivés, attirés par la qualité sonore. Puis on s’est rendu compte que même les amateurs de métal ou de rock indé voulaient du meilleur son ! Donc nous avons élargi le catalogue pour toucher un public plus diversifié.
Au début, Qobuz était plutôt cher, donc nos abonnés étaient surtout des quadras ou quinquas. Il y a trois ans, on a baissé radicalement les prix et lancé des offres famille et étudiant (c’est d’ailleurs la plus intéressante du marché !). Ainsi, beaucoup ont découvert que oui, il y a du JuL sur Qobuz ! On a tout, des blockbusters comme des artistes indés.
Naturellement, on est très bien représentés dans les magasins spécialisés, ce qui a beaucoup joué sur la perception de la marque auprès des audiophiles.
Que signifie « haute qualité audio » chez Qobuz ?
Qobuz propose tout simplement la qualité du son enregistrée en studio par les musiciens. Souvent, une fois que tout est enregistré, l’ingénieur mastering va “dégrader” la version pour le CD (qui fait 16 bits), alors qu’en Hi-Res, on reste à 24 bits.
Pour le MP3, c’est encore pire : il ne garde que 20 % des infos d’un CD ! Pourtant, quand on écoute un MP3, on entend bien tous les instruments, mais c’est la finesse qui manque. C’est comme les pixels sur une image : de loin, c’est net, mais si tu t’approches, tu remarques les défauts. Avec le Hi-Res, même en s’approchant, tout reste très net.
Honnêtement, même sur une enceinte ou un casque standard, la différence se sent. On a fait des tests, en passant du MP3 au 24 bits, et quasiment tout le monde va le remarquer. Que ce soit du trash metal ou du classique, dès qu’on écoute dans des conditions idéales, les gens sont scotchés !
Quels types de partenariats proposez-vous pour soutenir les artistes ?
Autour des sorties, on aime bien organiser des listening sessions en avant-première dans des lieux atypiques, comme le studio Ferber ou des galeries d’art. On l’a fait avec Daniel Avery, avec Bertrand Belin, avec La Femme aussi à la Fondation EDF…
De manière plus classique, nous pouvons offrir des mises en avant exclusives sous la forme de playlists ou d’interviews que les artistes vont ensuite relayer sur leurs réseaux. On a aussi le “Qobuzissime”, notre prix pour des premiers ou deuxièmes albums, souvent d’artistes émergents. Ce qui est génial, c’est que très souvent, l’album se retrouve dans le top 5 des plus streamés la semaine suivante, peu importe la notoriété de l’artiste !
Parfois ce sont les artistes qui nous sollicitent, comme Melody Gardot, qui a demandé à participer à notre émission “La Bulle Acoustique” à la Fnac Forum. Ce sont des interviews dans un auditorium, avec un vrai moment d’écoute…
Mais plus dingue encore : j’étais au Paris Audio Video Show 2025, un événement pour les geeks du son. Et là Thomas Bangalter des Daft Punk débarque à notre stand, discute avec notre équipe, et raconte qu’avant de mixer à Beaubourg récemment, il avait téléchargé trois titres chez nous pour compléter son set.
Comment fonctionne votre processus de curation ?
Notre curation est faite main, et ça change tout. Les labels viennent souvent nous voir directement, parce qu’ils savent qu’on respecte les artistes et qu’on propose une vraie mise en valeur. Mais aussi parce que les autres plateformes deviennent inaccessibles, même pour les pros.
On a une équipe de plusieurs dizaines de programmateurs, majoritairement basée en France, mais aussi New York et Tokyo. Avec des merchandisers à Helsinki, Melbourne, Londres, ou encore São Paulo. Résultat : on fait un travail de fou sur la programmation, on fouille les newsletters, les plannings des labels, mais on va aussi en concerts, on digge, on lit des blogs, on guette les petites perles.
Il n’y a pas de barrière : on programme ce qu’on veut, tous les types de labels, du major au petit indé. Certes, il y aura toujours une part de grosses sorties attendues, mais on assume aussi de glisser des projets émergents, voire carrément inconnus, si c’est un coup de cœur.
On aime bien faire le parallèle avec l’époque du disque physique : avant, tu pouvais acheter ton CD chez Carrefour, mais pour un album plus pointu tu allais à la Fnac, et pour vraiment dénicher, tu allais chez ton disquaire. Qobuz, c’est un peu le disquaire digital.
Comment choisissez-vous les artistes et contenus à mettre en avant sur le magazine Qobuz ?
Nous avons a plus de 43 000 playlists, toutes faites à la main… zéro algorithme ! Et nous sommes libres. Si ça nous plaît, on le met dans nos playlists de nouveautés. On a même tendance à soutenir un projet sur la longueur : si un premier album nous a séduits, on va suivre l’artiste sur ses sorties, faire durer le partenariat. Ça colle bien à notre ligne éditoriale : on écoute, on choisit, et quand on soutient, c’est sincère.
Tout est vraiment pensé pour ceux qui veulent creuser et pas juste consommer de la musique.
Nous avons aussi lancé des pages label dans l’appli, avec les nouveautés, les titres les plus streamés, et le contenu magazine dédié. Les passionnés peuvent suivre leur label favori, recevoir une alerte en cas de nouvelle sortie, etc. Cela permet aussi de recevoir chaque vendredi des recommandations adaptées.
Comment Qobuz parvient à imposer sa différence à l’international ?
Qobuz est à la base une société française, qui s’est d’abord développée dans les grands pays européens, puis aux États-Unis. On a aussi ouvert en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Amérique Latine, au Canada et, il y a pile un an, au Japon.
Chaque année, j’entends : « Avec les géants comme Spotify et Apple, l’an prochain Qobuz sera mort ! » Et pourtant, ça fait 18 ans et non seulement on est toujours là, mais on continue d’ouvrir de nouveaux bureaux. Pour nous, l’international, c’est la clé . Notre technique de bien choisir nos marchés : avec seulement 26 pays, on couvre 86 % du marché mondial des abonnements payants ! Et on envisage d’autres ouvertures l’année prochaine.
Ce qui est rassurant et flatteur, c’est que notre premier marché aujourd’hui, c’est les États-Unis, là où tout se joue en musique. Ça prouve que notre approche, c’est-à-dire qualité sonore, éditorial, éclectisme, rémunération équitable, a trouvé son public, même face à des titans comme Spotify ou Deezer.
Comment décririez-vous votre collaboration avec IDOL ?
Il y a vraiment des similitudes entre Qobuz et IDOL : dans la façon de travailler, l’approche qualitative, et la proximité avec les artistes. On sent tout de suite que chez IDOL, ce sont aussi des passionnés. Je connais très bien Pascal Bittard, qui a toujours été un soutien de Qobuz. Le business est toujours fait dans le respect des artistes, dans l’écoute, et ça, pour moi, c’est précieux.
On a toujours eu une super relation avec les équipes d’IDOL : ils sont attentifs à notre profil, ils proposent des projets adaptés, intelligents, on peut vraiment échanger en toute transparence. Et à chaque fois, l’équipe IDOL est hyper réactive, curieuse, et vraiment à l’écoute.
Et de toute évidence, il y a beaucoup de projets du catalogue IDOL qui trouvent leur public chez nous. Par exemple : King Hannah, SPRINTS, Thylacine, ou des projets plus niches comme celui d’Enji, ou encore en hip hop, Erick the Architect a reçu le Qobuzissime en 2024 !
On sait qu’on n’a pas la même force de frappe que les géants, mais justement, ça nous permet de rester attentif, humain, et de travailler avec des partenaires aussi passionnés qu’IDOL.