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28.06.22

Faut-il devenir artiste-entrepreneur ?

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans jamais oser le demander.

Les 20 dernières années ont imposé aux labels une crise difficile à traverser. La diminution des signatures qui s’en est suivie a fortement pénalisé les artistes. Simultanément, les évolutions favorables du numérique, tant côté streaming que réseaux sociaux, leur ont procuré de nouvelles alternatives. Bon gré mal gré, les artistes ont donc gagné en autonomie, tissant des liens directs forts avec leurs fans, ils revendiquent désormais une part plus importante du gâteau musical. Cette tendance de fond se matérialise cependant à des degrés très différents selon les artistes, qui constituent tous des cas particuliers. Chaque artiste doit donc bien réfléchir à son statut avant de le choisir.

Un statut séduisant

Les artistes s’auto-produisent aujourd’hui très bien, jusqu’au master, pour les raisons évoquées ci-dessus autant que grâce aux progrès qu’a fait le matériel. Au-delà de cette démarche artistique, et alors que le streaming aide les labels à mieux se porter, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir devenir entrepreneur, pour traiter directement avec un distributeur professionnel (comme IDOL ou Believe), ou un distributeur en libre accès (Tunecore, Distrokid, iMusician…), qui permet de mettre sa musique en ligne sur les plateformes sans interlocuteur ni conseil. Cette désintermédiation digitale accompagne la perte d’influence des médias traditionnels, à mesure que les réseaux sociaux montent en puissance. L’appétit des artistes s’en trouve aiguisé et la tendance à vouloir capter plus d’argent en direct s’accélère, en parallèle de réflexions sur le mode de rémunération du streaming.

Être entrepreneur sous-entend cependant que l’artiste revêt le rôle du label et endosse à ce titre tout le travail incontournable de direction artistique, d’image (photos, visuels, clips, contenus internet), de stratégie marketing, commerciale et de promotion qui lui incombe. Ce haut degré d’indépendance requiert des compétences spécifiques et une grande disponibilité, qu’il faut être à même de fournir avec son management. Sans parler des investissements liés aux domaines cités précédemment. Ni de la perte du statut d’intermittent que cela sous-entend dans la plupart des cas.

Les 3 principales raisons de cette tendance

La première motivation est sans aucun doute de faire sauter un intermédiaire et donc d’augmenter sa part des revenus, l’objectif étant d’en toucher 80% plutôt que 20%. Or, ils oublient parfois que ces 80% des revenus retenus par le label ne relèvent pas du hasard, mais représentent grosso modo 80% du travail, du savoir-faire et des investissements consacrés au projet.

La seconde raison qui pousse à l’entrepreneuriat est la volonté de conserver son indépendance et le contrôle du processus créatif et commercial. Ce peut être une bonne chose, pour peu qu’ils en aient les compétences.

Enfin la troisième raison concerne par défaut les artistes, y compris professionnels, qui n’ont malheureusement pas trouvé de label. Auparavant, c’était une fin de non-recevoir à leur activité discographique. Désormais, leurs productions peuvent continuer à exister, ne serait-ce que via la distribution en libre accès.

Ne pas négliger le rôle des labels

Pourtant le travail des labels reste aujourd’hui primordial et très peu d’artistes peuvent en assumer toutes les tâches seuls. La création artistique en tant que telle mobilise déjà une énergie énorme : composer, écrire, enregistrer, se produire sur scène, assurer ses obligations promotionnelles… représentent souvent plus qu’un temps plein. Maîtriser en sus les compétences d’un label est complètement hors norme. La norme pour un artiste, c’est de ne pas savoir ou de ne pas pouvoir le faire.

Le travail singulier et sur le long terme qu’effectuent des labels comme InFiné, No Format!, microqlima ou Heavenly Sweetness, ne pourrait pas être assumé par leurs artistes seuls. De même pour Tricatel ou Record Makers. Outre le volume de travail fourni, tous ces labels à l’identité forte constituent la plupart du temps pour l’artiste une plus-value inégalable et développent une vision qui permet l’éclosion de projets artistiques qui n’auraient pas existé sans eux.

Etre bien accompagné

Si cependant le choix est fait de l’entrepreneuriat, il est essentiel de bien s’entourer. Recruter les bonnes personnes, diriger, déléguer, sont les qualités de chef d’entreprise que requiert ce statut.

Tous les genres musicaux sont susceptibles de se prêter à ces associations fructueuses, même si le rap a historiquement donné le la. On peut évidemment citer Lomepal avec Grand Management (cf. ci-dessous), mais aussi Nepal avec Etendard Management ou Jazzy Bazz avec l’agence Derrière Les Planches. Le jazzman Ibrahim Maalouf qui a toujours travaillé avec son manager Jean-Louis Perrier emploie aujourd’hui quatre ou cinq personnes dans sa propre structure. Le reggae n’est pas en reste avec Dub Inc., qui fait vivre une vingtaine de personnes, ou Naâman. L’électro suit, avec Yelle ou Thylacine, la pop aussi, avec La Femme. Des artistes à la carrière plus longue, comme Tryo, font également évoluer leur set up vers plus d’indépendance. Dans tous ces cas, le choix de l’entreprenariat est pertinent, l’association avec IDOL vertueuse, et l’aventure passionnante pour tous réussit au-delà des espérances.

Se poser les bonnes questions

Au-delà de ces exemples réussis, les artistes entrepreneurs restent très minoritaires, contrairement à un fantasme dont il faut se méfier. L’honnêteté force à reconnaître que l’essentiel des artistes qui réussissent en tant qu’entrepreneurs auraient été signés en label sans trop de problème et y auraient probablement réussi. Les contre exemples qui ont quitté leur label pour faire moins bien seuls ne manquent pas.

Quand vient le choix entre signer en label ou devenir entrepreneur, l’important est donc de bien réfléchir à toute l’implication que requiert le projet pour l’amener au succès. IDOL s’étant spécialisé dans l’accompagnement de labels et d’artistes, possède l’expertise nécessaire pour affirmer humblement que l’entreprise ne marche pas à coup sûr, et pour accompagner les artistes dans le bon choix de départ.

Ceux qui sont capables d’endosser le rôle d’entrepreneur ne sont pas si nombreux. Ce n’est ni bien ni mal, c’est un fait. Être artiste entrepreneur n’est pas préférable, c’est une voie parmi d’autres, qui doit avant tout correspondre au profil, aux aspirations et aux qualités de l’artiste, en connaissance de cause. Il ne faut pas choisir le statut d’entrepreneur pour de mauvaises raisons, mais trouver la bonne formule.

Focus : Lomepal

Lomepal présente le profil idéal, avec une compréhension des enjeux marketing et une énergie supérieure à la moyenne. Il a su faire confiance à l’agence Grand Management pour sa direction de carrière et à IDOL pour sa distribution. L’implication de ce trio, au sein duquel chacun a dépassé ses fonctions initiales pour bien se partager le travail d’un label, a produit un résultat supérieur à la somme de ses trois parties. L’aventure a ainsi été couronnée de succès, certes parce que l’artiste est remarquable, mais aussi parce que chacun était à sa place et que la synergie a opéré formidablement.

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