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01.07.21

Jacques s’amuse avec les NFT pour “Vous”

Jacques est de retour. Et comme l’artiste ne fait jamais rien comme tout le monde, il a proposé des secondes de son premier single, “Vous”, en NFT. Rencontre avec Etienne Piketty, à la tête du label Recherche & Développement, qui a piloté l’opération.

Jacques vient de sortir un titre, “Vous”, avec un tout nouveau label, Recherche & Développement, qui démarre sur les chapeaux de roues avec ce lancement pour le moins innovant. Ainsi, Jacques a proposé à ses fans de devenir propriétaire d’une seconde de son nouveau single grâce aux NFT. En 36 heures, les 192 secondes ont été vendues. Etienne Piketty, anciennement à la tête de Pain Surprises, revient sur les détails de ce succès. Une première en France.

Quel est ce nouveau label Recherche & Développement ?

Avec ce label, comme son nom l’indique, j’ai envie d’expérimenter des choses. Que ce soit dans la manière de produire des disques, de les sortir, dans la façon de présenter les artistes au public ou même contractuellement avec les artistes : tout va tourner autour de l’expérimentation, la recherche.
J’aime beaucoup l’idée d’avoir le droit de se tromper, que l’erreur ne doit pas faire peur, qu’elle soit même encouragée. Et je trouve aussi très important de rappeler qu’il y a souvent plusieurs bonnes réponses à une seule même question. C’est le genre de processus créatif que j’ai envie de générer et défendre avec R&D. Ce postulat étant posé, le son ne sera que la finalité d’un chemin créatif long et aventureux.
C’est dans cette optique aussi qu’on a fait cette opération NFT, parce que c’est une nouveauté, et je trouvais intéressant d’explorer les applications rendues possibles par cette technologie. C’est ainsi qu’on a pu donner accès à la propriété à une multitude de gens qu’on ne connaît pas. Or, signer un contrat avec 192 personnes, c’est rare, d’autant plus dans la musique où les contrats sont assez techniques, avec plein de points de négociation possible. Et cette technologie nous a permis de le faire. En soi, vendre des NFT, c’est simple. Nous, on a choisi de complexifier l’opération parce qu’on avait envie que ce soit une expérience de bout en bout.

Pourquoi avoir développé un site dédié ?

Déjà, pour que les gens aient toutes les infos au même endroit, qu’ils aient toutes les explications. On voulait que tout le monde puisse participer. Donc on a réfléchi en amont au chemin à suivre pour que le fan, même non geek ou crypto sensible, puisse acheter sur la marketplace, et revenir récupérer une partie de ses collectibles : la vidéo NFT exclusive réalisée par Jacques, le contrat manuscrit – signé de sa main, que les gens peuvent télécharger et imprimer -, et le master de la seconde achetée plus les stems des masters de cette seconde, pour pouvoir faire des remix.
Sur ce site, on avait accès à un player sécurisé, sur lequel on pouvait venir écouter en avant-première toutes les secondes débloquées via les achats. Il fallait renseigner son token pour débloquer sa seconde. Ce qui fait que les fans ont acheté avant d’avoir écouté le morceau et ont pu écouter le morceau en exclusivité avant tout le monde.

Quel était le délai initial pour écouler les 192 secondes ?

On avait tablé sur deux semaines à la base : une semaine avant la sortie plus une semaine après, pour que l’opération puisse profiter de la promotion autour du titre. Et finalement, 36 heures après avoir lancé le site, toutes les secondes ont été vendues. La grande majorité a acheté une seule seconde, mais certains en ont acheté plusieurs. A priori, quand ils en ont deux, c’est soit pour en revendre une soit parce qu’ils sont très fans. Et une personne a acheté 20 secondes, je sais pas qui c’est, à mon avis il a acheté en collectionneur / spéculateur. Ensuite, le Golden Ticket, c’est-à-dire le pack normal, avec le vinyle numéro 1, et deux accès à vie à tous les concerts de Jacques, a été mis en vente aux enchères, avec une mise à prix à 500€. Il est parti à 2 500€.
Si en 36 heures, les 190 secondes ont été vendues, il y a beaucoup de fans de Jacques qui auraient aimé participer, mais ont été pris de court.

Que se passe-t-il si un fan revend son NFT ?

Dans ce cas, on va toucher un pourcentage. Ça fait partie des clauses du smart contract qui accompagne les NFT : ce sont des contrats qui s’actionnent automatiquement. Le fait d’acheter un NFT te fait adhérer au smart contrat. Ensuite, 15% des reventes reviennent à Recherche & Développement et Jacques.
Mais en fait, on préférerait qu’il n’y ait pas trop de spéculation. Ça fait un peu partie des problèmes des NFT : les gens achètent et revendent, on ne peut pas le contrôler. Maintenant on va demander aux acheteurs de nous prévenir si jamais ils revendent leur seconde. Tout simplement pour pouvoir contacter les nouveaux propriétaires et les inclure dans le groupe de la copropriété.

Pourquoi avoir intégré un vinyle dans cette opération numérique ?

Je trouvais que c’était important de garder quelque chose de tangible. On avait déjà prévu une édition numérotée à 300 exemplaires. Donc les vinyles de 1 à 192 ont été envoyés aux acheteurs. C’était un peu compliqué à gérer car on a dû envoyer le vinyle #72 à l’acheteur de la seconde #72 sur lequel on a collé un sticker avec le numéro de token correspondant.

Quelle suite pour ce projet, après ce succès ?

On est très contents de cette opération. Après on va voir comment ça se passe, si les gens sont contents d’avoir acheté leur seconde… Là, on est en train de créer un groupe sur Telegram, pour rassembler tous les acheteurs, en mode communauté, pour que Jacques parle avec eux en direct. Pour donner des nouvelles du morceau, les prévenir quand le morceau sera dans une pub. On n’est pas obligé de leur demander leur avis pour valider une synchro ou prendre des décisions, mais on va quand même les consulter. Ces gens ont fait l’effort d’acheter une seconde avant même d’écouter le morceau, ils soutiennent ce projet, donc on a envie de garder un lien avec eux. On pourra par exemple les prévenir avant tout le monde d’une sortie, d’une tournée ou leur donner accès à du merchandising exclusif…
Maintenant sous la vidéo, les gens commentent “streamez fort, j’ai des droits sur ce morceau ». Et c’est cool, je suis trop content que des gens deviennent porte-parole du projet.

Ce projet est-il réservé aux fans de Jacques ?

Effectivement, je ne le ferais pas forcément avec n’importe quel artiste. Les fans de Jacques sont un peu inclassables, donc dans la bande, il doit y avoir des aventuriers mais je ne pense pas qu’ils soient particulièrement geek.
A la base on devait sortir le morceau de façon traditionnelle, et c’est trois ou quatre mois avant la sortie, qu’est venue cette idée en discutant avec Adrien Ohannessian qui s’intéressait aux NFT. Avec un label qui s’appelle Recherche & Développement, autant tenter l’expérience et ça tombait bien car c’était ma première sortie. Or, ça fonctionnait complètement avec la personnalité de Jacques et le morceau dont le refrain est “Je suis fier de faire partie de Vous”.
On avait aussi envie d’être les premiers en France, et on l’est. Et de façon aussi appliquée, je pense qu’on est les premiers dans le monde. Le fait de dévoiler un morceau via les NFT, et de vendre 99% des droits via les NFT, c’est quand même quelque chose.

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