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20.06.24

Job of the Month #17 : Head Of Sacem Lab / Innovation

Nouvel épisode de notre série Job of the Month pour découvrir les multiples facettes de l’industrie de la musique. Ce mois-ci, Perrine Guyomard raconte son parcours guidé par sa passion pour l’innovation.

Chaque mois, IDOL présente un métier de l’industrie de la musique. Ou plus qu’un métier, une personne ! Car derrière un même intitulé de poste, on retrouve des différences significatives d’une structure à une autre. Chacun peut définir, selon son parcours professionnel, ses qualités et compétences le périmètre de son poste! Rencontre avec Perrine Guyomard, qui a fait du chemin depuis ses débuts chez IDOL. Elle nous raconte son parcours depuis son poste de Responsable Grand Comptes à Head of Sacem Lab / Innovation.

Tout d'abord, peux-tu expliquer ce que fait la Sacem ?

La Sacem c’est la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. C’est la maison qui va accompagner les créateur·rices de musique donc les auteur·rices, compositeurs·rices, éditeurs·rices et qui va être leur porte-voix. La Sacem représente aussi les auteur·rices de doublage sous-titrage, et les auteur.ricess-réalisateurs·rices.

C’est l’un des leaders mondiaux de la gestion collective des droits d’auteur, à but non lucratif. Sa mission est de collecter les droits pour le répartir à ses 224 470 membres. La Sacem reverse à minima 85% de ce qu’elle collecte, avec le plus de transparence possible. Pour ce faire, elle se positionne en partenaire de confiance pour ceux qui utilisent de la musique, qui la diffusent sous tous les aspects : que ce soit en radio, en télé, en live, dans les magasins… En plus de ses missions de collecte et de redistribution des droits d’auteur, la Sacem accompagne ses membres tout au long de leur carrière via son action culturelle avec des aides adaptées à chaque répertoire. En 2023, elle a soutenu 3 657 projets artistiques en France et à l’international.

Et le Sacem Lab ?

C’est l’équipe Innovation de la Sacem, qui a trois missions : anticiper, expérimenter et partager. Anticiper les nouvelles tendances et nouvelles technologies, et leur impact sur le droit d’auteur, la musique, la création musicale ou la consommation de musique.

Expérimenter à l’aide de POC – des proof of concept – sur des temps très courts pour voir si telle nouvelle technologie apporte de la valeur au métier. Si c’est le cas, on va le transmettre à d’autres équipes qui vont se charger de le mettre à l’échelle. Notre but avec ces tests est de répondre aux problématiques des autres métiers de la Sacem : on va écouter leurs besoins afin de les accompagner avec des méthodologies d’innovation.

Partager, afin d’être un acteur de confiance et de référence de la musique tech, par le biais d’articles. Mais nous allons aussi à la rencontre des créateurs, lors de panels en France ou à l’international, pour créer du lien.

Que fait un·e Head of Innovation ?

Je définis et pilote la stratégie de d’innovation. Nous avons une stratégie d’entreprise définie par notre direction, accompagnée par le comité de direction et en accord avec le Conseil d’Administration. Je dois décliner cette stratégie, mais aussi structurer et industrialiser l’innovation, ce qui signifie trouver des process, mesurer avec des facteurs clés de succès afin de les faire évoluer. J’ai le rôle aussi de formaliser, de communiquer en transverse, donc avec toute la maison, et d’orchestrer l’équipe tout en impliquant toutes les parties prenantes.

Il est important de bien comprendre comment fonctionne la Direction des Systèmes d’Information, son organisation en mode agile, afin de respecter ses contraintes. Nous sommes sur des projets qui durent maximum 3 mois, et le nerf de la guerre c’est de maintenir une collaboration avec les directions métiers. Musicstart est un exemple de projet qui a été réalisé en POC dans l’équipe avant mon arrivée. C’est un service qui permet de protéger une création sur la blockchain. Ce produit simple, peu coûteux et donc accessible à tous, est désormais commercialisé par l’équipe développement.

Comment s’organise ton travail au quotidien ?

Je gère une équipe de 6 personnes, un mélange de chefs de projets technologiques/développeurs et de profils plus product manager. J’essaie de savoir à quel degré d’implication je dois rester sur les projets, afin de pouvoir prendre du recul pour élaborer la stratégie.

J’ai beaucoup de réunions avec les différents métiers et départements, mais aussi avec l’externe, comme des étudiants ou des start-up, car on fait de l’open innovation. J’ai aussi les mains dans le cambouis : je ne crois pas qu’on puisse travailler à l’innovation sans savoir comment ça fonctionne ! Pour parler blockchain, tu dois avoir créé un wallet, acheté de la crypto pour comprendre… En tout cas, personnellement j’ai besoin de concret.

Quel a été ton parcours professionnel ?

Mon premier stage était chez SFR Music à l’époque des ringtones, des téléchargements et des premiers deals avec les plateformes de streaming. Après je suis partie à Londres chez Universal en stage comme assistant coordinateur compte clé, au digital. Puis j’ai vu passer une offre pour un certain IDOL, et je suis arrivée en tant que responsable grands comptes.

Ce qui m’attirait, c’était de travailler auprès d’artistes indépendants et d’être dans une petite structure où on apprend vite à nager dans le grand bain. J’ai toujours été intéressée par la tech, et IDOL est une boîte très technophile. Les développeurs sont très importants, avec la capacité d’adapter les produits en fonction des besoins des métiers, ce que je trouvais intéressant.

Au bout de quatre ans, je suis passée chez Warner Music France pour devenir responsable compte-clé dédié à Deezer. C’était l’occasion de réapprendre mon métier dans une équipe très structurée, en collaborant avec d’autres comptes clés. Warner Music France a ensuite créé un département digital transverse. De fil en aiguille, j’ai eu l’opportunité de diriger l’équipe Innovation. A mon retour de congé maternité, je suis devenue directrice du business development et de l’innovation. Cela m’a permis d’être donc encore plus proche des start-ups et des nouvelles technologies.

Chaque année, j’assistais à la conférence à South by Southwest, c’est là que j’ai rencontré mon manager actuel, que je trouvais passionnant et challengeant. Après 12 ans chez les distributeurs / producteurs, côté master, j’ai accepté sa proposition de poste, pour découvrir la partie droits d’auteur. C’est passionnant d’explorer une nouvelle facette de l’industrie musicale.

Quelles sont les qualités requises pour ton poste ?

La première qualité est sans aucun doute la curiosité, la soif d’apprendre. Ensuite, il faut être apte à monter rapidement en compétence sur un contexte métier inconnu, et savoir aussi bien interagir avec des interlocuteurs techniques que non techniques. Il est essentiel d’adapter son discours en fonction de l’interlocuteur. Par exemple, il est clé que les décisionnaires comprennent les projets afin de pouvoir garantir les moyens humains et financiers pour les réaliser.

Savoir analyser, être pédagogue, être ouvert et à l’écoute – surtout pas imposer quoi que ce soit -, tout en restant rigoureux, autonome et proactif. Enfin, il faut une sorte de lâcher prise, accepter d’avoir une connaissance partielle de l’information, faire confiance aux équipes de mener à bien les projets.

Qu'est-ce que tu aimes dans ton travail ?

Ce que j’aime c’est d’arriver dans quelque chose que je ne connais pas, découvrir et apprendre, mettre des choses en place pour apporter de la valeur.

Mais ce que j’aime le plus c’est travailler en transverse, ce qui me permet de découvrir ce que font mes collègues, comment ils travaillent, pour pouvoir faire émerger les projets en respectant les problématiques de chacun. C’est très important pour moi, l’humain. C’est pour ça que j’aime aussi délivrer des projets complets, réalisés en collaboration.

Quelle est la tâche la plus étrange que tu as pu faire au cours de ta carrière ?

En 2018, on a commencé à aborder le sujet des NFT. A l’époque, on parlait des crypto-kitty : des gens collectionnaient des cartes de chat. Ils mettaient jusqu’à des milliers de dollars dans des cartes plus ou moins rares, et jouaient avec, se les échangeaient… Pour comprendre, je me suis créé un wallet, mais je me disais que jamais les fans de musique suivraient la procédure d’identification KYC pour récupérer leur NFT et transférer leur crypto-monnaie… Mais le fait est que six ans plus tard, les NFT sont bel et bien présents dans la musique, et j’ai vérifié récemment, j’ai toujours mes crypto-kitty !

Quel est ton lien avec IDOL ?

C’est la famille ! C’est mon premier CDI… Quand je suis arrivée, j’étais la 12ème employée à l’époque, on était encore à Strasbourg-Saint-Denis. C’était une vraie expérience de vie. Et pour son pot de départ, – après treize ans !-, Tarafa a réussi à pratiquement tous nous faire revenir, ça en dit long !

La playlist de Perrine

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