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20.09.22

Job of the Month #7 : Attachée de presse

Nouvel épisode de notre série Job of the Month pour découvrir les multiples facettes de l’industrie de la musique. Ce mois-ci, Cécile Legros raconte son métier d’attachée de presse indépendante.

Chaque mois, IDOL présente un métier de l’industrie de la musique. Ou plus qu’un métier, une personne ! Car derrière un même intitulé de poste, on retrouve des différences significatives d’une structure à une autre. Chacun peut définir, selon son parcours professionnel, ses qualités et compétences le périmètre de son poste. Rencontre avec Cécile Legros, attachée de presse indépendante, qui nous raconte son rôle dans le développement d’un projet musical.

Que fait un·e attaché·e de presse ?

La base du métier d’attaché de presse, c’est de jouer l’intermédiaire entre des projets artistiques, des artistes ou événements culturels, et des médias aussi bien télé, radio, presse écrite ou web. L’attaché·e de presse va porter le projet artistique aussi loin que possible dans les médias, et veiller à ce qu’on en parle au maximum, afin de développer l’image du projet.

Quel a été ton parcours professionnel ?

J’ai commencé stagiaire chez Barclay puis premier poste, j’ai enchaîné ensuite sur des jobs d’attaché de presse au SNEP et avec l’UPFI notamment. Ces expériences m’ont beaucoup apporté car elles m’ont permis de découvrir le rôle de l’institutionnel dans notre industrie.

Après j’ai été quelques années à la direction de la communication de la Fnac, où j’avais notamment en charge toute la partie musique et billetterie. Puis je suis revenue en label en tant que directrice promo chez Atmosphériques pendant quasiment huit ans, et ensuite j’ai monté mon propre bureau de presse en indépendante.

Pourquoi as-tu choisi de monter ton bureau de presse ?

Après huit ans, j’avais besoin de diversifier un peu mes activités. Atmosphériques était un label que j’aimais beaucoup, qui avait développé de très belles choses, dont Charlie Winston, Louise Attaque, Abd Al Malik, le premier Soldat Rose… Donc on a cherché une solution pour continuer à travailler ensemble.

On se connaissait très bien avec le fondateur du label, Marc Thonon, puisqu’on s’est rencontrés chez Barclay, et nous avons décidé de construire notre collaboration différemment. Ça m’a permis de commencer à travailler avec des événements de type festivals, ce qui me branchait énormément à l’époque. C’était un bon compromis.

Comment se déroule une journée type pour toi ?

Le B.A BA c’est de ne jamais penser que la journée va se dérouler comme tu l’as imaginée. Par essence, tu dépends énormément de tes artistes et de leur entourage, et en même temps, tu dépends des demandes de tes médias.

En l’occurrence, le quotidien c’est mettre en forme des newsletters, rédiger des communiqués de presse, et passer beaucoup de coups de téléphone, envoyer des messages divers et variés, que ce soit pour relancer un journaliste, recaler une interview, confirmer un phoner… C’est plein de rendez-vous que tu montes pour essayer d’avoir un vrai contact avec tes médias. En parallèle, tu es en réflexion avec le manager ou les chefs de projets de l’événement que tu défends.

En somme, tu es dans un perpétuel va et vient avec les médias et l’entourage de tes projets. On fait partie de toutes les réunions de stratégie, aussi bien autour des outils que des timings sur lesquels séquencer la communication du projet. Tu es un peu la marmite qui mijote parce que t’as beaucoup de retours des médias et t’es en rapport avec quasiment tout le monde sur le projet.

Qu'est-ce que tu aimes dans ton travail ?

Ce que j’aime dans ce métier, c’est les rencontres humaines, et tout ce que ça représente de fort, aussi bien en positif que négatif. Toutes ces collaborations, toutes ces relations que tu tisses, et que tu aimantes autour des projets, te nourrissent, nourrissent le projet et ta réflexion.

Le moteur même du travail d’attachée de presse, c’est le rapport humain, le vrai, celui incarné par le sourire, par le lien que tu crées.

Pour représenter tes projets, il faut être visible, être un peu partout pour croiser les gens. C’est l’essence même de ce qui fait notre métier : un réseau, c’est pas simplement un fichier excel, mais c’est aussi et la manière dont tu l’alimentes, dont tu le préserves, le nourris.

Quelles sont les qualités requises pour ton métier ?

Il y en a pas mal ! Une qualité d’écoute déjà, d’empathie, d’organisation. Il faut aussi avoir un bon réseau et donc un certain sens de l’adaptation, un sens de la communication et du relationnel.

La base, c’est d’essayer d’être le plus curieux possible des gens que tu rencontres. Car tout est lié dans ce métier, et toutes les personnes croisées, que ce soit un attaché de production dans une radio, un programmateur, un pigiste en presse, un jeune journaliste qui monte un petit site internet… Tous ces gens, quelle que soit leur importance, peuvent jouer un rôle dans le développement d’un projet.

Et ce qui va faire la différence, c’est toute l’énergie que tu mets pour incarner le projet.

Quelles sont les principales difficultés que présentent tes missions ?

C’est une course de fond. C’est pas épanouissant immédiatement, donc il faut avoir une certaine confiance dans tes prises de décisions sur le long cours. Nous devons prendre en compte à la fois des objectifs du projet artistique et de l’autre côté l’écosystème d’un média.

Parfois, il faut faire preuve de pédagogie auprès des labels ou chefs de projet pour expliquer que ce n’est pas possible d’en demander plus à nos médias, de leur faire prendre conscience de la fragilité de cet écosystème justement… Et au final, on a jamais la garantie de ce qu’on va réussir à obtenir.

On oublie souvent qu’un développement de projet artistique, ça prend du temps. Bien sûr, certains projets vont plus vite que d’autres et tant mieux. Mais par exemple, le succès de Clara Luciani ne s’est pas fait en un jour : le single n’est pas entré tout de suite en radio et pourtant il y avait déjà ce sourire, cette énergie sur scène et surtout un titre énorme !

Quelle est la tâche la plus étrange que tu as été amenée à faire ?

Sur un Fnac Live, je me suis retrouvée avec François Hollande – à l’époque Président de la République, qui voulait absolument saluer Christine and the Queens. J’ai dû lui faire traverser la cour bondée de l’Hôtel de Ville pour arriver jusqu’à la grande scène, le tout sur un timing très serré parce que je devais amener Christine à un direct de France Inter.

Cette rencontre était importante, mais en même temps j’avais besoin de montrer au chef de l’État que j’avais autre chose à faire – tout en gardant le sourire ! Ce genre de choses arrive assez régulièrement donc en fonction des personnalités, c’est plus ou moins gênant.

Comme tu crées de la vie autour de tes projets, tu ne te restreins pas forcément à ta mission première. Par exemple, les dîners que tu provoques au détour d’un concert, simplement pour fédérer les gens autour d’artistes que tu aimes bien, ça fait partie du lot même si tu n’es pas obligée de le faire. Mais tout ce que tu crées comme moments humains va retenir l’attention d’une certaine manière.

Qu’est-ce qui te lie à IDOL ?

Quand je suis arrivée chez Atmosphériques en tant que directrice promo, le label partageait les locaux avec une toute jeune entreprise… IDOL ! C’est là où j’ai rencontré Pascal Bittard pour la première fois et à l’époque, et Atmosphériques a été un des tous premiers partenaires d’IDOL. Pour le coup, je peux dire que j’ai vu IDOL grandir.

La playlist de Cécile

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