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06.10.25

Job of the month #25 : Coordinatrice de Majeur·e·s

Nouvel épisode de notre série Job of the Month pour découvrir les multiples facettes de l’industrie de la musique. Ce mois-ci, Solange Maribe raconte son engagement au sein de l’association féministe shesaid.so France.

Chaque mois, IDOL présente un métier de l’industrie de la musique. Ou plus qu’un métier, une personne ! Car derrière un même intitulé de poste, on retrouve des différences significatives d’une structure à une autre. Chacun peut définir, selon son parcours professionnel, ses qualités et compétences le périmètre de son poste ! Rencontre avec Solange Maribe, Coordinatrice de l’annuaire Majeur·e·s pour l’association féministe shesaid.so France.

Tout d'abord, peux-tu présenter shesaid.so ?

shesaid.so France est la branche française du réseau international shesaid.so, présent dans 18 pays. Nous sommes un réseau d’entraide féministe qui rassemble tous les métiers de la musique – de l’enregistré au live, en passant par l’enseignement et la formation – et toutes les esthétiques musicales.

Notre action est nationale, avec 11 antennes locales (à Paris, mais aussi Strasbourg, Lyon, Grenoble, Marseille, Toulouse, Nantes, Vannes, Rennes, Lille et La Réunion). L’idée est de montrer que la filière musicale ne se limite pas à la capitale et de valoriser les professionnel·les sur l’ensemble du territoire.

Notre mission principale est de lutter contre les discriminations de genre et de promouvoir l’égalité professionnelle dans la musique. Nous le faisons en valorisant des profils via l’outil que nous avons développé, l’annuaire Majeur·e·s, en favorisant la mise en réseau, que ce soit en ligne et lors de meetups en présentiel, et en travaillant sur la montée en compétences.

shesaid.so France est un réseau en mixité choisie, ouvert aux femmes cis, personnes trans et non-binaires, tout en menant des actions de sensibilisation pour l’ensemble du secteur. Nous allons accompagner, valoriser et créer du lien entre toutes ces personnes pour avancer ensemble vers plus d’égalité

Que fait une Coordinatrice de Majeur·e·s ?

En tant que coordinatrice, je supervise le développement du site Majeur·e·s avec notre agence web. Mon rôle est d’identifier les besoins, recueillir les retours des utilisateur·rices et accompagner les évolutions de l’outil. J’anime également la communauté à travers des contenus pédagogiques et un soutien personnalisé pour aider chacun·e à mieux valoriser son profil.
Concrètement, l’annuaire permet de chercher des profils par compétences, par métiers ou par localisation. Cela donne de la visibilité à des talents qui, autrement, resteraient dans l’ombre. Mon rôle est aussi d’encourager les inscriptions, car plus l’annuaire sera complet, plus il sera utile et efficace.

Je représente aussi Majeur·e·s dans les événements professionnels, en rappelant qu’il ne s’agit pas seulement d’un annuaire mais d’un outil de mise en réseau et de lutte contre l’entre-soi qui reste fort dans la filière musicale. L’objectif est de donner plus de visibilité aux talents sur la base de leurs compétences, et pas uniquement grâce à leurs relations.

Enfin, je coordonne d’autres projets de shesaid.so France, comme des ateliers de sensibilisation et des masterclass en ligne pour nos membres.

Quelles sont les qualités requises pour ton poste ?

Comme le poste n’existait pas auparavant, j’ai dû l’inventer au fur et à mesure, en apprenant sur le tas et en adaptant mes méthodes. Mais je dirais que la pédagogie est primordiale : il faut savoir expliquer comment fonctionne l’outil, mais aussi, parfois, revenir aux bases et rappeler pourquoi il existe. Cela demande patience et écoute, car certaines personnes considèrent que les choses fonctionnaient déjà bien sans ce type d’outil correctif, probablement par peur du changement. Il faut donc comprendre leurs réticences et trouver les bons arguments pour y répondre.


Il faut aussi être polyvalent·e : on échange aussi bien avec une agence de développement web qu’avec des partenaires, des artistes ou des professionnel·les de la filière (chargé·es de com, chef·fes de projet marketing, etc.). Avoir une bonne connaissance des métiers et des enjeux du secteur est donc un vrai atout pour comprendre les besoins et aider à valoriser les compétences de chacun·e.

Pourquoi as-tu choisi de travailler pour shesaid.so ? D’où te vient cette motivation à défendre les professionnelles minorisés de genre ?

Je suis arrivée chez shesaid.so France il y a un peu plus de 3 ans. J’ai rejoint le projet en cours de route, juste avant le lancement de l’annuaire en mai 2022. À la base, je viens plutôt des médias locaux et du spectacle vivant, avec beaucoup d’expérience en radio associative. Cet emploi est réellement mon premier pied dans le milieu de la musique.

A l’époque, je sortais d’une période compliquée, notamment d’un burn-out, et je cherchais un projet porteur de sens. J’ai vu passer l’offre grâce à mon réseau, en la personne de Marine De Bruyn, une des co-fondatrices de shesaid.so France. Ce n’est pas un hasard, et cette mise en relation illustre bien notre sujet : sans la bonne connexion, je serais sûrement passée à côté de ce poste. Le projet me parlait d’autant plus que je me définis comme féministe avec une approche intersectionnelle, et j’avais envie de mettre mes convictions et mon expérience personnelle au service d’une structure engagée.

Ce qui m’a séduite, c’est à la fois l’idée de l’annuaire, simple mais puissant, et la dimension humaine : connecter des personnes qui ne se seraient jamais croisées, voir naître des collaborations, sortir de l’entre-soi. Après avoir beaucoup travaillé à l’échelle locale, rejoindre shesaid.so m’a permis de passer à une échelle nationale, de valoriser des initiatives partout en France et de contribuer concrètement à faire bouger les lignes.

Comment se déroule une journée type pour toi ?

Je n’ai pas vraiment de journée type. Comme je travaille en télétravail et que je suis la seule salariée de l’équipe, mes journées commencent souvent devant l’ordinateur, à traiter mes mails et organiser mes priorités. L’avantage, c’est que je peux avancer sans trop d’interruptions, mais l’inconvénient, c’est le manque d’interactions quotidiennes : échanger avec des collègues nourrit aussi le travail et permet de partager des idées. J’ai trois collègues freelances, mais ils interviennent ponctuellement, donc nos moments d’échange sont assez limités.

En parallèle, il y a une partie déplacements, qui représente environ 10 % de mon temps, pour participer à des festivals, conférences ou ateliers. C’est un aspect que j’aime beaucoup, parce qu’il me permet de rencontrer des gens sur le terrain, dans différentes villes et territoires, et de mieux comprendre leurs réalités et leurs enjeux. C’est toujours très enrichissant, et puis ça fait du bien de voir les “vraies gens” !

Qu'est-ce qui te plaît dans ton travail ?

Ce que j’apprécie particulièrement, c’est de rencontrer de nouvelles personnes et d’apprendre en permanence : sur les territoires, la filière, les métiers, ou encore les grands enjeux qui traversent notre secteur. Ils sont parfois complexes, parfois c’est un vrai casse-tête, mais c’est justement ce qui rend ce métier stimulant.

C’est aussi enrichissant de constater que, malgré un environnement marqué par une logique très capitaliste qui complique les conditions d’exercice des artistes et des professionnel·le·s, il y a encore des gens engagés, qui portent des valeurs fortes et défendent une autre vision du collectif, du travail et du “vivre ensemble”.

J’aime aussi la polyvalence de mon poste : être à la fois dans l’accompagnement humain, la mise en réseau, mais aussi dans des aspects plus techniques comme le site internet ou la production de contenus. Ce que je trouve essentiel, c’est de faciliter le partage d’expériences et de ressources entre les membres. Même si d’autres font déjà ce travail, je crois que plus on mettra d’outils et de connaissances en commun, mieux on arrivera à améliorer les conditions et les parcours de chacun.

Quelle est la tâche la plus étrange que tu as pu faire dans ta carrière ?

L’expérience la plus improbable de mon parcours, c’était pendant un stage en production audiovisuelle. J’étais censée travailler à la rédaction, mais un jour, on m’a demandé de me déguiser en poule et de sauter à la corde pour une séquence de l’émission Les Maternelles, présentée alors par Daphné Bürki. Sur le moment, je me suis vraiment demandé ce que je faisais là ! Mais bon, en stage, on n’a pas toujours le choix…

La playlist de Solange

« J’y ai mis des artistes que j’adore vraiment ET qui font des lives incroyables, des talents de ma région Pays de la Loire et d’ailleurs. »

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